Chapitre 12 - Epilogue

     Il fallut du temps pour que ces pauvres marins du Dei Gratia puissent s’innocenter d’un crime qu’il n’avait pas commis, car le procureur resta persuadé qu’il y en avait eu un et que les parties prenantes étaient toutes de mèches pour transformer le sang en or. Aussi, quand ce procès se termina enfin quelques mois plus tard, le juge Cochrane s’aligna sur Solly-Flood et la récompense de l’équipage fut-elle réduite à la portion congrue. Les expertises avaient beau jeu si ce n’était de démontrer, du moins abonder dans le sens des sauveteurs. Mais cela ne leur fut d’aucun secours et s’ils repartirent avec leur liberté et un petit pécule, ils devaient bien sentir que tout cela avait été plutôt arraché que dû.

     Quand l’armateur du malheureux navire vint appuyer David Morehouse, il s’en fallut de peu qu’il soit lui aussi happé dans la même tourmente en fut quitte pour repartir chez lui avec le même traitement. Le navire lui-même fit peau neuve avec une nouvelle cargaison et un nouvel équipage, mais il connut bien des difficultés que lui amenaient ses fantômes. Boudé et isolé, il eut le sort des navires maudits: Longtemps à quai, passant entre des mains toujours plus douteuses (les seules qui voulurent bien encore de lui) et ne servit par la suite que d'outil de fraude et de trafic qui finit tristement une bien courte carrière d’à peine plus de dix ans, échoué volontairement sur un récif tropical, avalé par un océan qu’il n’avait pas offensé.

     Quant à Briggs et son équipage, il n’en fut malheureusement plus question. Les recherches n’aboutirent pas, même si ça et là, au gré des anecdotes terribles dont les marins sont friands, un détail qui pourrait donner une idée de leur destin remontent de temps en temps à la surface des idées. Mais rien de certain ne put jamais être fermement établi, si ce n’est qu’ils naviguent peut-être encore ensemble vers des terres plus clémentes, où la folie humaine est encore inconnue.

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